La pérennisation du télétravail, la moitié des entreprises n’ont pas de gestion adaptée
Les recherches le montrent : "Chaque inconvénient a son avantage."
À la suite de la crise de la COVID-19 et du confinement au printemps 2020, le télétravail était rendu obligatoire pour les entreprises belges. Cette mesure a débarrassé pour de bon le télétravail de son caractère expérimental et les employeurs et les employés ont découvert ses nombreux avantages.
En même temps on a constaté que la vie du télétravailleur n’était pas que toute de rose vêtue. En raison de la fermeture obligatoire des écoles (et de la prise en charge des enfants à la maison qui en résultait), très vite il est apparu clairement qu’il n’est pas facile de garder le bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Il faut des règles du jeu très claires pour concilier les deux « camps ».
La seconde vague d’infections au coronavirus de cet automne alerte une fois de plus les différents gouvernements de notre pays et leur politique concernant le coronavirus. Et encore une fois, le télétravail vient peser dans la balance et est l’une des mesures pour endiguer la propagation de la COVID-19.
Qu’en dit un regard porté sur les chiffres sur la montée du télétravail dans les entreprises belges ? Et à quel point le télétravail impacte-t-il les conditions de travail et la vie privée des travailleurs ? A l’occasion de la Journée nationale du télétravail (le 22 septembre 2020), l’Institut Vias et le SPF Mobilité ont réalisé une enquête auprès de 1500 Belges. Nous résumons les résultats les plus frappants :
- Un travailleur sur cinq (22 %) fait actuellement du télétravail à temps plein (contre 3% en 2019). Un sur trois en fait actuellement trois à quatre jours par semaine.
- 54 % des personnes interrogées se sont rendues compte qu’elles leurs étaient tout à fait possible d’accomplir leurs missions en télétravail (en comparaison, en 2019, c’était 45 %)
- Alors qu’en 2019 22% des Belges faisaient du télétravail, ce chiffre a augmenté jusqu’ à 33% début 2020 (donc avant la crise COVID). Après la crise, ce chiffre est passé à 45%, soit 2 fois plus par rapport à 2019.
- 44 % des personnes interrogées indiquent qu’elles continueront à faire du télétravail après la crise sanitaire (à condition que l’employeur le permette). Ce qui est également frappant : 6 télétravailleurs sur 10 (62 %) souhaitent télétravailler autant ou davantage après la crise. A contrario, 38% souhaitent diminuer leur nombre de jours de télétravail dès que les conditions de travail se normaliseront à nouveau.
L’Institut Vias et le SPF Mobilité se sont également penchés dans leur étude sur les avantages et les inconvénients du télétravail. Les motifs en faveur du télétravail : le gain de temps dû à l’absence de déplacements (42 %), la diminution du stress ou de la fatigue dû à l’absence de déplacements (31 %) et le meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée (11 %). Le plus grand frein au télétravail reste la perte des contacts sociaux (44%). Viennent ensuite la difficulté de scinder vie privée et vie professionnelle (16%) et le fait d’avoir un travail non compatible avec le télétravail (14%).
Les travailleurs ayant des enfants rencontrent plus de difficultés avec le télétravail lorsque les enfants sont à la maison (33% des personnes interrogées). Frappant mais pas surprenant. La période stressante au printemps se fait sans aucun doute encore ressentir.
La constatation du manque d’attention à une bonne ergonomie lorsqu’on travaille chez soi est assez inquiétante. 27% des télétravailleurs déclarent ne pas avoir de bon espace de travail (c.-à-d. un espace spécifique) à la maison. 39% ne possède même pas de chaise de bureau. Il y a donc encore beaucoup de travail à faire...
À l’été 2020, le prestataire de services sociaux SD Worx a réalisé une enquête auprès de plus de 500 employeurs flamands, wallons et bruxellois. Il est déjà encourageant de constater que 90 % d’entre eux continueront de proposer du télétravail à l’avenir. Plus de 80 % des employeurs perçoivent le télétravail comme quelque chose de positif et durable impliquant la satisfaction, le bien-être et l’autonomie des travailleurs comme d’importants avantages.
Reste à être attentif au travail d’équipe et à la gestion d’une équipe à distance qui demeurent important. Il faut aussi mettre en place une gestion de télétravail transparente et construire une culture de confiance plus large. De plus, les recherches de SD Worx démontrent que six employeurs sur dix n’ont pas de politique claire et qu’il faut, entre autres, s’attaquer à construire des accords transparents sur l’accessibilité et les droits et obligations des employeurs et des employés.
INNI Rédaction