Prévention des troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle
Nous avons récemment mentionné la récente étude ESENER qui a montré que les troubles musculo-squelettiques (TMS) au travail sont le plus souvent signalés comme un risque. Il est inquiétant de constater que depuis 2014, les entreprises ont pris encore moins de mesures pour prévenir ces problèmes de surcharge physique. Mais nous ne baissons pas les bras. Parce que tout juste, un nouveau rapport de l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) se présente et nous fait passer des résultats de la recherche à la pratique.
Recherche documentaire
De nombreuses études se sont penchées sur les raisons pour lesquelles il existe encore autant de TMS. Il en résulte une longue liste de raisons, dont voici quelques exemples :
• Les analyses de risque ne tiennent pas suffisamment compte de tous les facteurs de risque qui peuvent conduire à des TMS, ni de l'effet combiné de divers facteurs. Par exemple, il ne s'agit pas seulement de soulever un poids lourd, mais aussi d'éventuels états de stress et de mauvaise condition physique. Tous ces facteurs doivent être pris en compte.
• Les nouvelles technologies peuvent adapter le travail, mais les recherches dans ce domaine sont insuffisantes. Par exemple, l'impact des exosquelettes a été récemment étudié (exosquelette = un outil qui vous aide à soulever une charge ou à garder les bras en l'air). De toute façon, trop peu de recherches sont menées sur les effets des interventions au travail.
• Dans plusieurs pays, on constate une augmentation du travail moins formel, ce qui peut également entraîner une perte de protection de la sécurité et de la santé et donc davantage de risques pour cette population. Nous pensons par exemple aux fournisseurs de commerce électronique qui se déplacent pendant de longues journées dans leurs camionnettes, ce qui accroît la fatigue.
Et que dit la pratique ?
Dans six pays, dont la Belgique, des groupes de discussion ont été organisés avec des personnalités ayant une grande expérience pratique. Quelques-unes des conclusions les plus importantes :
• Trop peu d'analyses de risques sont effectuées, surtout parmi les petites entreprises. Et généralement trop tard, c'est-à-dire après qu'un problème s’est posé plutôt que de manière préventive dans le processus de conception d'un nouveau lieu de travail.
• Les interventions les plus importantes sont la formation à la manutention manuelle de charges, ainsi que la rotation des tâches et les aides au levage. C'est là que le lien avec la recherche fait défaut, car il est prouvé depuis longtemps que le déploiement d'une seule intervention se traduit rarement par une diminution du nombre de TMS. De plus, ne pas toujours consulter les employés eux-mêmes n'est pas une bonne stratégie pour parvenir à une solution efficace.
• Même si l'analyse documentaire indique que le mode de vie individuel peut être lié à la TMS, le rôle de la promotion de la santé n'est pas suffisamment souligné dans la pratique.
Et que fait cette politique ?
Dans ces six mêmes pays, la politique a également été discutée au moyen de campagnes que les pays avaient mises en place. Des questions ont été régulièrement posées sur les orientations européennes et nationales, qui se sont avérées partout insuffisantes. Et s'il existe un cadre juridique, il faut également disposer des inspections et des ressources nécessaires. Organiser des campagnes de sensibilisation est une chose, mais ce n'est pas suffisant pour obtenir des résultats durables. Une approche continue, axée sur les politiques, est nécessaire, avec des ressources financières suffisantes, du temps et de l'expertise. Il est important de se concentrer sur tous les secteurs, car les TMS se retrouvent partout.
Et maintenant ?
Sur la base des résultats de la recherche et de la pratique, le rapport conclut (1) avec de nombreuses recommandations pour garantir qu'il y ait moins de TMS à l'avenir. Et cela ne s'arrête pas là, puisque l'EU-OSHA lance la campagne "Lieux de travail sains : alléger la charge" en 2020-2022, axée sur la prévention des TMS liés au travail. Cela signifie que de nombreuses actions sont menées dans les différents États membres : des séminaires sont mis en place, du matériel de prévention est élaboré, des outils et des méthodes pratiques sont mis à disposition. Cela signifie qu'il faut aller au-delà de la simple sensibilisation et proposer une approche intégrée pour s'attaquer au problème. Toutes les informations sont disponibles sur le site web de la campagne de l'EU-OSHA (2), et bientôt sur le site web du point focal belge (3) .
Veerle Hermans
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(1) https://osha.europa.eu/en/rese...
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