Une culture de la sécurité infaillible : catchy ou réaliste ?

 02/10/20

Lettre d’opinion

 Culture de la sécurité

La direction lambda se montre souvent trop ambitieuse en matière de culture de la sécurité. Nous ne craignons pas les superlatifs et pensons trop souvent à exceller. Gardons les pieds sur terre. Une culture de la sécurité infaillible ne s’acquiert pas en l’espace de deux ou trois ans.

CULTURE DE LA SECURITE

De nombreux malentendus existent autour de la notion. La citation de Deal et Kennedy en la matière dit : The way we do things around here. La culture de la sécurité peut tout simplement être paraphrasée comme suit : c’est « la façon dont l’entreprise gère la sécurité au travail ».

QU'EST-CE QUI FAIT PASSER UNE CULTURE DE LA SECURITE DE CHANCELANTE A INFAILLIBLE?

La réponse est simple : le nombre de niveaux hiérarchiques et le nombre de collaborateurs qui, au sein de chacun de ces niveaux, mettent du cœur à l'ouvrage. Autrement dit, les collaborateurs qui démontrent en tout temps un sens de la sécurité. Il est question du nombre de collaborateurs qui, à travers l’entreprise, estiment être responsables de leur sécurité et de celles de leurs collègues, des contractants, fournisseurs et/ou visiteurs, et ne remettent pas cette responsabilité sur « l’entreprise ».

Quelques signes caractéristiques

Une culture de la sécurité infaillible se retrouve dans une entreprise à haute fiabilité au sein de laquelle tout collaborateur :

  • considère la sécurité comme une valeur ;
  • est alerte et s’attend à l’inattendu;
  • comprend toujours parfaitement ce que l’on attend de lui ;
  • est en tout temps ouvert à de nouvelles idées ;
  • souhaite faire la différence ;
  • croit que son comportement en la matière donne le ton ;
  • veille à la sécurité et à la santé de tous ;

Les responsables, en particulier,

  • ne se limitent pas à la gestion des opérations, mais font preuve d’un leadership authentique ;
  • considèrent les attitudes et comportements des collaborateurs comme le reflet de leur leadership.

ON LE FAIT DEJA, NON?

Si seulement c’était vrai. À travers de telles déclarations irréfléchies, les directions et/ou hauts responsables vont amplement au-delà des particularités du cerveau humain et de la manière dont un comportement naît.

Inconsciemment, l’on part souvent de la théorie classique du comportement, en grande partie dépassée. Sur le lieu de travail, les collaborateurs pèsent consciemment et de façon réfléchie le pour et le contre propres à un comportement donné. Cela détermine leurs choix en matière de comportement. Ainsi, nous supposons que ces choix, formalisés ou non, dans une procédure ou un mode opératoire, peuvent être traduits sans transition en un comportement de sécurité observable.

Imaginons que ça soit réellement le cas. Tout collaborateur ferait alors continuellement appel à la partie cognitive énergivore de son cerveau. Aucun individu n’est en mesure de fonctionner de la sorte. Les recherches scientifiques les plus récentes tendent à dire que 95 pour cent du comportement humain est entièrement automatisé par la partie émotionnelle du cerveau, laquelle est « low energy consuming » (Kahneman, Thaler, Cialdinni, entre autres).

En conclusion : une culture de la sécurité infaillible, c’est un drapeau que l’on s’en va planter au sommet de la plus haute des montagnes. Une utopie.

Willy Wastyn

Conseiller scientifique et conceptuel - Stepstones for safety

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